Pour le plaisir (Aristote)
Insulter, ça soulage et ça fait du bien. Nous recourrons à l’insulte pour apaiser notre colère à l’égard de quelqu’un. La colère est un mélange de désir de vengeance et de mal-être, donc « un appétit accompagné de souffrance ». En humiliant l’autre par l’outrage, nous apaisons cette souffrance. Quand nous hasardons à insulter quelqu’un, c’est dans le seul but d’éprouver ce plaisir libérateur. L’injure est comme l’alcool. Plus elle est forte, plus nous nous sentons puissant. (Et comme l’alcool, il en faut toujours plus – ndlc).
Par manque de discernement (Sénèque)
Aux yeux du célèbre philosophe romain, les injures sont toujours liées à une erreur d’appréciation. Nous nous figurons à tort qu’un autre nous méprise ou cherche à nous humilier par pure méchanceté. Alors l’insulte fuse, dans le but de blesser en retour. Le stoïcisme en appelle à l’indifférence et à l’effort de ne pas répondre. (Force ou a-considération ? ndlc).
Pour sauver l’honneur (Schopenhauer)
L’insulte est la solution de dernier recours. Pas finaude mais parfois efficace. « Si on constate que l’adversaire nous est supérieur, et qu’on ne pourra avoir raison, on s’en prendra à sa personne par des attaques grossières et blessantes ». Il s’agit alors de viser l’endroit le plus sensible, en touchant au point faible de l’adversaire où à ce qui pourrait le rendre ridicule.
Pour exclure du troupeau (William Irvine, philosophe et enseignant américain)
L’espèce humaine est grégaire : nous maximisons nos chances de survie en vivant en « troupeau ». Pour Irvine, l’insulte joue donc sur un ressort archaïque de la psychologie humaine : celui qui injurie entend conserver sa place au sein du troupeau (quel qu’il soit –ndlc) et en exclure sa victime. Une protection symbolique dont on use dans tout contexte, même seul au volant de sa voiture.