L’accueil du premier « autre »

Si l’on s’attend à la naissance d’un enfant, rien ne prépare en revanche à l’évènement de sa naissance, profondément déstabilisant dans l’exigence qu’il porte de lui faire entièrement place dans son altérité même.

Il n’était jusque là qu’un prolongement du même, il devient soudain radicalement autre, sans que cela bien entendu ne l’éloigne aucunement. On est alors sommé de l’accueillir, malgré soi.

La venue du nouveau-né au monde est comme la forme éminente de cette séparation radicale par où autrui m’apparaît, m’interpelle et me somme de l’accueillir.

On peut le protéger de tous les liens du monde – ceux de la filiation, de la famille, de l’amour parental et de la sollicitude maternelle – rien n’abolira cette séparation originaire qui fait qu’on est moralement sommé de faire une place au nouveau venu dans son « étrangèreté » même.

 

Yves Cusset, philosophe – « Réflexion sur l’accueil et le droit d’asile » Ed F. Bourin 2016

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