A l’opposé des morales impressionnantes, la gentillesse est une morale joyeuse et pétillante qui tapisse la société d’une bonne humeur.
Quelle est la principale conséquence des grandes morales ? La réalisation d’une humanité vertueuse et heureuse ? Non : la culpabilité.L’ambition fixée par ces morales est tellement élevée que la plupart des femmes et des hommes qui veulent les suivre sont condamnés à échouer. Or l’échec n’apporte aucun réconfort à celui qui le vit.
La gentillesse a donc ce mérite d’offrir à celui qui la pratique la satisfaction d’avoir réalisé un acte bienfaisant sans contrainte. Morale décomplexée car déculpabilisée, la gentillesse m’incline au bien sur la base de mes impressions et de mon empathie, non sur fond de mauvaise conscience. Elle me donne le goût d’autrui tandis que les morales du devoir me laissent toujours un arrière-goût : celui du remords de n’avoir jamais assez bien agi.
Impressionniste, la gentillesse dépose ses petites touches sur le bord des vies d’autrui.
Emmanuel Jaffelin – Petit éloge de la gentillesse