Quand Sarah aime, elle empoigne choses et personnes à pleine mains et les presse contre elle : elle enfouit son visage dans le moelleux des poupées en tissu, elle agrippe les personnes qui ont l’heur de lui plaire par les cheveux et les tire vers elle, la bouche grande ouverte : « C’est bon, j’aime, je mange » .
On lui apprends à faire doucement avec les animaux mais on rigole (en couinant un peu quand même) quand il s’agit de nous. C’est de l’amour, on le sait.
Sarah a maintenant 13 mois. Ses petites mains ont un peu plus de force qu’à 6 mois bien sûr. On continue de lui apprendre à faire plus doucement mais elle nous a parfois par surprise, car ses élans de tendresse sont aussi imprévisibles qu’enthousiastes.
A la crèche : aujourd’hui Sarah a été punie. Deux fois. Parce qu’ « elle est coquine, elle tire les cheveux des autres enfants ». Donc, elle a été maintenue dans un transat deux fois, c’est la punition. Pas très longtemps, bien sûr. Mais elle a été punie.
Interrogeons nous.
C’est quoi être « coquine » à 13 mois, qui mérite d’être puni ? La punition c’est quand on fait quelque chose de mal. Que sait Sarah de ça ?
Rétablissons la vérité : Sarah manifeste sans doute un peu brusquement encore son affection, mais c’est de cela qu’il s’agit : de l’affection, elle est contente de retrouver les enfants à la crèche.
Non, Sarah n’est pas « coquine ». Elle a juste besoin d’un peu de temps pour que son habilité motrice lui permette la douceur du geste.
Soyons net : une punition n’a de sens (quand elle en a) que si elle est expliquée et comprise.
Sarah, à 13 mois, n’a rien compris.
Lamentons nous, enfin, pour tous les enfants piégés par une estimation superficielle et parfois dangereusement tenace : l’étiquette est si vite posée…
C.C
Conseillère conjugale